Nos newsletters   |   Nous Contacter
fren

Caritas Mali au chevet du processus électoral au Mali

Caritas Mali
Print Friendly, PDF & Email

Les travaux de la table ronde sur le thème : "Rôle et Responsabilité des acteurs du processus électoral pour l'organisation d'élections inclusives, transparentes et apaisées en 2018 au Mali" se sont déroulés à l’hôtel Salam les 22 et 23 mars 2018, et a enregistré la participation des représentants des catégories d’acteurs du processus électoral au Mali comme il suit : des membres des partis politiques (représentés ou non à l’Assemblée Nationale) ; de la société civile ; des administrations impliquées dans les élections ; de différentes commission de la Conférence Épiscopale du Mali, de Caritas Mali et du le Groupe de Réflexion sur la Gouvernance Partagée, la réconciliation et la Paix au Mali (GRGP-PM)Groupe de Réflexion pour la Gouvernance Partagée, la Paix et la Réconciliation au Mali. (GRGPPRM).

Au cours de la table ronde, les 57 participants ont eu droit à des exposés que bon nombre d’entre eux ont jugés abondants et de qualité. Ces exposés ont porté sur quatre thématiques présentées par d'éminents experts membres du Groupe de Réflexion Pour la Gouvernance Partagée la Paix et La Réconciliation au Mali, qui appuie depuis 2013 Caritas Mali dans ses activités de promotion de la Paix. Les quatre panels étaient donc :

  • "le Cadre général des élections "
  • "L'analyse du contexte social, politique et sécuritaire des élections de 2018"
  • "L'identification des menaces et des pistes de solution pour des élections apaisées "
  • "le Rôle et la  responsabilité des différents acteurs "

Les panels deux et trois ont été présentés en même temps.

  1. Cadre général des élections :

L'exposé était technique et relève du dispositif législatif et réglementaire. Les différents acteurs ont été identifiés, catégorisés (étatiques, non étatiques), ainsi que leurs rôles qui sont déterminés par les lois et les règlements.

Dans les questions réponses après l’exposé, des remarques et observations ont été faites, notamment par rapport :

  • à la pertinence du maintien dans le contexte actuel et après des années d'expérience, des organes impliqués dans l'organisation des élections comme La DGE et La CENI.
  • D'autre part des doutes ont été exprimés quant à l'objectivité du temps prévu pour la confection et la distribution des cartes d'électeurs biométriques ;
  • La montée en puissance de leaders religieux dans l'espace politique partisan, certains se positionnant comme faiseurs de roi, a été évoquée comme source d'inquiétude et de menaces pour la sérénité des élections. Il est impératif de clarifier le rôle des leaders religieux dans la démocratie, étant entendu qu'ils sont aussi des citoyens à part entière.
  • Les médias s'ils ne sont encadrés peuvent également constituer des dangers pour le processus et la cohésion sociale. L’égal accès aux médias d’État devra être effectif et garanti ;
  • La Cour Constitutionnelle devra s'émanciper de toute influence et de tout autre pouvoir, notamment de l'autorité et du pouvoir central.
  1. Contexte, politique, social et sécuritaire

Cet exposé a également été suivi avec intérêt. Les menaces sur la tenue d'élections apaisées ont été indexées, entre autres : 

  • Le manque de confiance entre acteurs politiques illustré par :  l'opposition à l'organisation du référendum sur la révision constitutionnelle ; la dénonciation des dispositions de la loi 2012-17 et 2012-18, créant les région et les cercles ; le désaccord des groupes armés sur les réformes apportées aux lois sur la décentralisation ; la contestation de la disposition de la loi électorale relative à l'élection des présidents des organes des collectivités territoriales au scrutin uninominal direct, et non de liste ; les reports successifs du renouvellement des mandats des organe des cercles des régions du district, et de certaines communes ; les réserves de la CMA sur la Charte d'Entente Nationale qui s’apparentent à un rejet ; 
  • D'autres difficultés ont été également évoquées, notamment les suspicions sur le fichier électoral et la gestion des cartes NINA non distribuées.
  • Au plan social il faut noter - du fait de l'insécurité persistante ambiante imposée par des groupes illégaux et illégitimes : la violation des droits de l'homme, la stagnation des activités économiques locales et les difficultés d'approvisionnement des populations en tous biens et services ; les débrayages à répétition dans les syndicats et le système éducatif scolaire et estudiantin ; la question du retour des réfugiés.   
  • l’absence de l'autorité centrale dans toutes les parties du territoire, ainsi que des forces armées et de sécurité, donnant l'occasion à des groupes illégaux d'imposer leur dictât ;
  • des mandats d'élus non renouvelés. 

Il ressort néanmoins de l’analyse du contexte quelques résultats réalisés depuis la signature de l'Accord Pour La Paix. Entre autres : la tentative de révision de la constitution, l'installation de la CVJR, la tenue de la conférence d'entente nationale, le renouvellement des conseils communaux dans 600 commune sur 703, l'opérationnalisation du MOC, le démarrage du cantonnement à Kidal et Menaca, 

La question a été posée sur l'efficacité de toutes ces forces qui en présence au Mali quand l’insécurité perdure, « N’avons-nous pas sous-traité notre sécurité ?»

L'une des solutions préconisées par l'expert consiste au maillage efficace des zones et la restauration du dialogue de confiance et de responsabilisation des autorités coutumières et traditionnelles. 

Il a été remarqué que des communautés au Mali se rendent visite pour présenter des condoléances après s’être livré des attaques mortelles. Il a été également question de mettre à profit cette preuve de résilience des communautés pour en faire un levier en vue de la réconciliation nationale

Certains intervenants ont aussi identifié la corruption généralisée et le manque d'emplois des jeunes comme des menaces pour les élections.

D'autre part il ressort de l'exposé sur le contexte que certaines mesures politiques d'atténuation ont été mises en œuvre. Entre autres : La relance du cadre de concertation entre Administration électorale et partis politiques ; la mise en place d'un dispositif de suivi par la CENI et la société civile ; l'élaboration et le partage d'un chronogramme pour la réorganisation administrative du territoire ; le déploiement progressif des représentants de l'Etat au centre et au nord conjointement avec les forces d'appui de la garde nationale ; la poursuite du dialogue avec les groupes signataires ; la confection des cartes NINA pour les nouveaux inscrits, etc.   

  1. Rôle et responsabilité des acteurs 

Pour des élections libres et inclusives, transparentes et apaisées, la responsabilité incombe principalement à l’Etat, avec l’accompagnement des partis politiques, des autorités coutumières et traditionnelles. Tous – chacun pour ce qui le concerne - devront se soumettre au devoir de redevabilité par rapport au rôle et les charges qu’ils assument, et devront en supporter toutes les conséquences. En ce sens les partis politiques doivent assurer la sensibilisation des militants, leur formation à la citoyenneté notamment, l’encadrement du processus ; les syndicats doivent travailler avec le gouvernement à atténuer les revendications catégorielles, les OSC et les citoyens à mettre la pression sur les partis politiques et les élus pour qu’ils proposent et mettent en œuvre des projets de société bien élaborés, réalistes, dignes d’être soutenus.

L'Objectif suprême recherché est de faire en sorte que les élections de 2018 se passent dans les conditions apaisées, et qu'elles aboutissent à des résultats crédibles.

Des exemples, et des expériences aux conséquences désastreuses d'élections males organisées à travers l’Afrique ont été évoqués en guise d'avertissement ou de mise en garde. Les cas de la Côte-d’Ivoire, la RDC lorsque le délai est passé, du Liberia, de la RCA, etc.

Au terme des différents exposés trois groupes thématiques de travail ont été constitués à charge :

  1. Pour le groupe 1 "Cadre général des élections "   
  2. Il s'agissait : d'analyser...
  • d’analyser le chronogramme ;
  • d’analyser les instruments électoraux ;
  • de formuler 3 à 4 recommandations et/ou engagements pour l'amélioration du cadre général de gestion des élections.
  1. Pour le groupe 2 "Identification des menaces découlant du contexte socio-politique" .
  2. Il s'agissait d'analyser
  • d’analyser la situation sécuritaire pour restaurer l'autorité de l'État et la stabilisation du pays;
  • d’analyser le déploiement de l'administration et des fonctionnaires dans les circonscriptions administratives pour l'organisation matérielle des élections ;
  • de formuler 3 à 4 recommandations pour des scrutins apaisés.
  1. Pour le groupe 3 "Identification du rôle et responsabilité des différents acteurs dans l'optique de la formation et de la sensibilisation " :
  • d’analyser le rôle des acteurs dans la sensibilisation à la citoyenneté et au respect de l'État de droit ;
  • d’analyser le rôle des acteurs dans la sensibilisation et la formation des citoyens et des militants à l'exercice du droit de vote ;
  • de formuler 3 à 4 recommandations pour appeler les acteurs à jouer pleinement leur rôle dans la construction de la citoyenneté.

Au terme des travaux de groupes - dont les résultats adoptés après discussions en plénière constituent des recommandations qui seront adressées à qui de droit - 

une autre ligne : le discours du Secrétaire National de Caritas Mali a mis fin à la table ronde qui vise la sensibilisation des acteurs du processus électoral pour des élections apaisées en 2018. Celui ci a déclaré que : « Il est connu que les élections - si elles sont mal organisées et qu'elles sont contestées - sont sources de conflits multidimensionnels qui menacent la paix. Aussi, consciente que l'amour du prochain ne consiste pas seulement à apporter l'assistance alimentaire mais aussi et surtout en la promotion de la culture de la paix, Caritas Mali a-t-elle pris la résolution d'inscrire dans ses activités l'accompagnement des acteurs politiques en vue de participer de façon concrète à l'instauration dans notre monde et au Mali en particulier, d'une paix véritable et durable. Car apporter l'aide alimentaire et promouvoir la paix procèdent tous les deux de la charité, qui est une valeur sublime dans laquelle l'amour du prochain trouve sa perfection et toute sa plénitude ».

 

S'abonnez à la Newsletter
Top